Le 8 juillet 2015
Monsieur Zola,
Hier je vous disais que la presse avait bien changé depuis votre temps. Ce qu’il s’est passé ? Et bien cette machine qui dévore l’homme et qu’il fabrique lui-même : celle qui creuse, celle qui roule, celle qui vend, celle qui spécule, cette machine a continué sa besogne. L’homme va toujours plus vite. Et par une étrange chimie, plus il va vite moins il a le temps. Plus il gagne du temps, moins il en a à perdre. Les journaux, pris dans la folle course à l’information, ne sont plus la veine où la société prend son pouls.
Alors, où se fait le débat public, me direz-vous ? Et bien je vais vous le dire : il se fait dans les commentaires facebook, sur youtube, et dans les talk shows à la télévision. Oui, vous comprenez, le peuple sait lire et écrire maintenant. Chacun peut écrire sur n’importe quel sujet. Seulement comme il n’y a pas de rédacteur en chef, pas de ligne éditoriale, pas de comité de lecture, pas de limite de caractères, c’est une marée d’opinions qui se déverse chaque jour sur internet, et dont l’affichage dépend de paramètres de popularité. Si vous êtes déjà très lu, ou au moins suivi, vous serez en « première page ». Les commentaires et l’opinion ont remplacé l’analyse et la critique.
À demain j’espère