La route des larmes

Alors les femmes vont sur la route. Pour rien, pour être là. Le plus là qu’elles peuvent. Dans leurs gorges râle un peuple qui a connu toutes les formes d’anéantissement.

Sur 724 kilomètres, l’autoroute 16 surnommée La Route des Larmes, a emporté près de 1200 femmes autochtones. Des jeunes filles qui « font du pouce » (du stop) disparaissent chaque année. Dans l’indifférence que connaissent bien ces peuples, des mères continuent à venir là où leurs filles ont disparu. 

En 2020, une femme autochtone, Joyce, meurt sous les insultes, la maltraitance et négligence de ses infirmières. Elle s’était filmée, inquiète de la morphine qu’on lui avait administrée, et on entend les insultes des infirmières. Pourtant, pas de mouvement mondial pour dire Indigenous Lives Matter. Nous choisissons toujours nos indignations.

Il existe une forme de violence qui ne fait pas de bruit, pas de pétard, pas de cri. Rien de bien intéressant à filmer. Rien qui ne va tourner sur les réseaux sociaux. C’est quand la violence est quotidienne, qu’elle se distille dans l’indifférence et dans c’est normal. Ceux qui la subissent la retournent contre eux, deviennent indifférents, ou bien se taisent. Ils sont ces visages qui traînent dans les bars et les salles de jeu, dans la rue et les coins qu’on ne veut pas fréquenter. C’est un peu de ce type de violence que cette scène témoigne. 

Merci à Wanda Waterman et Philippe Routhier (et oui !) pour les voix.

Musique : « Woman Warrior » chanté par Ta’Kaiya Blaney and chorus