L’Extraordinaire au Quotidien, c’est une série de portraits sonores de semeurs qui nous montrent qu’il est toujours possible de faire un pas de côté pour s’inventer une autre manière de vivre. Pour présentation en format pdf cliquez ici.
Une éleveuse de cheveux qui amène ses chevaux de course de la Normandie au Minervois pour leur apprendre à vivre en troupeau pastoral, une sculpteure qui sculpte ceux qu’on ne voit pas – marins, détenus, religieuses dans les couvents, vieilles personnes en maison de retraite, un champion de boxe qui crée une mezzanine au-dessus du ring de sa salle pour offrir du soutien scolaire aux gamins, un boulanger qui fut marin, chimiste, apiculteur et qui dit qu’il oeuvre ses métiers, un chanteur qui écrit des chansons sur mesure pour les gens et les offres dans des lieux improbables comme des lavomatics, un paysan qui travaille sans moteur, par traction animale, et qui accueille des jeunes pour qu’ils viennent réparer leurs ailes blessées, autour de l’animal, du piano à cinq feux de la cuisine et du piano à quatre-vingt huit touches du salon. Un metteur en scène qui fait jouer des jeunes dans les quartiers difficiles, des SDF, des détenus, des malades psychiatriques, sur les plus grandes scènes. Un homme qui travaille au Samu Social et fabrique des automates valant des milliers d’euros, refuse de travailler avec JP Gauthier, efface les œuvres qu’il peint sur les murs de son appartement chauffé au pétrole en plein Paris…
Des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, tous ici, en France, qui nous donnent à voir d’autres possibles. Des sources d’inspiration que les grands médias ne nous montrent jamais. Et si on se mettait à regarder notre pays autrement ?Quand on bourlingue hors des grands axes et loin des grands médias, on rencontre des gens extraordinaires et on se demande pourquoi personne n’en parle. Le pari de L’extraordinaire au quotidien est de nous donner à voir d’autres exemples, de beaux exemples, car ce n’est qu’en changeant nos représentations de la société qu’on pourra envisager d’autres possibles. Ces personnes, aux six coins du pays, de toutes les générations, exerçant dans des milieux très différents, nous montrent qu’il est toujours possible de faire un pas de côté pour s’inventer une autre manière de vivre.
Un autre rapport au temps
Comment ça se passe ?
De bouche à oreille, des errances de la route à celles d’internet, j’atterris un beau matin chez quelqu’un que je ne connais pas. J’y reste le temps qu’il faut pour installer une confiance. Je vis à son rythme. Je la laisse me parler de ce qu’elle veut, où elle veut. Pas d’interviews, seulement des conversations informelles où, finalement, c’est l’essentiel qui ressort.
Cultiver la diversité
Ça donne quoi ?
Des portraits de 12 à 45 minutes, croisant la voix de la personne pendant ses activités, ma narration, et son choix de musiques.
La rencontre
Et ensuite ?
Trois semaines de montage à temps plein par portrait : dérushage de dizaines d’heures, nettoyage de la voix et des ambiances, montage, enregistrement de la narration, remontage et mixage.
Une conception de l’éducation qui remue !
Comment les écouter ?
Ces portraits sont réalisés et produits de façon totalement indépendante, sans aucune source de financement. Les dépenses incluent le matériel audio (1000 euros), les déplacements, le temps de montage et les frais de studio et de mixage. Dans un contexte où les médias se réinventent, les créateurs ne peuvent que faire appel aux auditeurs.
Conquérir son autonomie
C’est pourquoi ces portraits sont en vente. Oui je sais, il n’est pas commun de payer pour écouter un podcast. Mais nous payons bien pour ouvrir notre fichier à l’imprimerie sur notre clé USB, pour nous sécher les cheveux chez le coiffeur ou pour un sac plastique à l’épicerie. Le monde change. Ce qu’on ne payait pas hier, nous le payons aujourd’hui. D’autres choses qu’on payait hier sont accès gratuit aujourd’hui. Pour chaque portrait, un extrait est en écoute libre. Pour l’obtenir en entier contactez-moi ici.
Savoir ce qu’on ne veut pas
Les soirées d’écoute collective
Aujourd’hui, on se réunit pour regarder un film ou aller voir un concert. L’expérience de l’écoute, du podcast ou de la musique, reste individuelle. Il est loin le temps où on se réunissait chez le voisin autour du poste de radio.
Pourtant nous avons soif de nous rencontrer autrement, loin du divertissement et du matraquage de l’image et de l’information. Alors pourquoi ne pas se réunir, dans votre salon, dans une cave, dans un café, pour écouter collectivement ces portraits et en parler ? Si vous souhaitez organiser une soirée, avec ou sans mois, écrivez-moi sur la page contact.
Être à sa place
Leurs combats (FINALES)
Pour écouter encore d’autres extraits et acheter des portraits, cliquez sur chaque image :
Comment créer des soirées d’expression artistique qui ne soient pas le divertissement du soir ? Comment faire émerger une parole intime sans faire un cercle de développement personnel ? Comment envisager ensemble notre société sans entrer dans les échanges d’opinion des cafés citoyens ? Pour pouvoir définir ce l’on cherche à accomplir il est souvent bon de commencer par définir ce que l’on refuse. Retour sur ces vingt-sept soirées qui, du 28 septembre au 28 octobre, ont relié des centaines de personnes des Pyrénées aux Alpes françaises et suisses, en passant par des coins de Cévennes, de Tarn, de Provence et de Bourgogne.
Qu’est-ce que j’ai fait pour mon rêve aujourd’hui et en quoi s’occupe-t-il de la beauté du monde ? C’est avec l’histoire de Pierrot, le vagabond parti marcher ses questions après avoir quitté une vie qui ne lui ressemblait plus, que s’ouvre chaque soirée de Sarah Roubato. Pourtant aucune ne se ressemble. Il n’y a pas de formule toute faite. Ce sont les gens, assis par terre sur un coussin dans une yourte ou bien sur des chaises bien serrées dans une salle de réunion, dans le canapé d’un salon ou sur le siège tournant d’un bar, qui tirent la discussion là où ils auront besoin d’aller.
Tel est le principe de ces soirées qui combinent lecture, performance musicale, écoute de portraits sonores et parole. Que le centre ne soit pas l’auteur et son livre, mais le nous en train de se former. Que l’artiste ne soit qu’un passeur pour révéler, au détour d’une phrase, d’un mot, quelque chose qui dort au seuil du réel. Autour des lettres du livre Lettres à ma génération, de la lettre à un ado Trouve le verbe de ta vie, des portraits sonores L’extraordinaire au quotidien, et de quelques chansons, chacun est invité à exprimer des questionnements, des doutes, des espoirs, des coups de gueule, sur la société dans laquelle nous vivons, pour pouvoir en envisager une autre.
Y a-t-il du politique par ici ?
La question est revenue plusieurs fois. Elle longeait discrètement les conversations informelles autour du buffet ou du cendrier. N’y aurait-il pas quelque chose de politique dans ces soirées ? Mais au fait, que s’est-il passé au juste ? Des enfants, des adolescents, des adultes de plusieurs générations, aux vécus et accents différents, se sont réunis, pour écouter les paroles d’autres gens qui pourraient être leurs voisins, et pour faire le lien avec leur propre situation. Les uns ont constaté, les autres ont envisagé, d’autres encore ont questionné.
Un rêve, ça se construit d’après les représentations que nous nous faisons de notre société. Voilà pourquoi il faut d’abord modifier le récit que nous faisons de notre société, pour permettre à d’autres d’envisager d’autres possibles.
Tout commence par un silence gêné lorsque l’espace de parole s’ouvre. Puis quelqu’un ose : tantôt par une confidence intime et émue, tantôt par un avis déjà mûrement réfléchi qui a trouvé de quoi rebondir, tantôt un questionnement qui s’enfarge dans des mots encore trop jeunes.
Il y eut, d’ouest en est…
À Pau, une jeune femme qui a demandé : « Mais comment fait-on pour savoir ce qui nous manque ? ». Elle avait atteint tous ses objectifs : obtenir un CDI, acheter une voiture et un appartement. Et qui pourtant entendait des cordes grincer dans son ventre, comme Pierrot.
À côté de Albi, une lycéenne aux cheveux bleus qui apprend en autodidacte l’écriture, le dessin, le japonais et le manga, et qui tente de préserver sa soif d’apprendre dans tous ces domaines, dans le couloir étroit de l’orientation scolaire.
Pas loin de Lunel, un homme qui n’a pas pris la parole, mais qui confie après à quel point un portrait est entré en résonance avec lui, qui agit aussi à son niveau, avec les jeunes à travers le sport.
À Montpellier, un homme qui a ouvert la prise de parole en évoquant la qualité des silences et la nécessité de les autoriser.
À Manosque, une adolescente qui ne veut pas se laisser abîmer sa passion par une méthode d’enseignement qui ne lui convient pas, car elle a appris à regarder au-delà et à avoir une distance critique par rapport à l’enseignement.
Et puis il y eut tous les silences de ceux qui hochaient la tête, qui hésitaient, qui fronçaient les sourcils, qui souriaient. Il y a des gens dont la seule expression est l’écoute. Ils ne sont pas moins actifs que ceux qui parlent. Et ils sont absolument nécessaires, car leurs regards présents et alertes servent de balises à l’auteur en performance.
Des ressentis propres, des opinions singulières, des questionnements particuliers ont émergé. Mais le questionnement de chacun renvoyait à un questionnement plus profond, à un choix de société et de civilisation. À travers la diversité des situations, des régions et des cheminements, quelque chose de la France, de l’Occident, de notre époque, s’est exprimé. Et tout d’abord, le constat partagé que la plupart des individus vit dans un décalage entre ses aspirations et la vie qu’on mène. Parce que, convaincus que nous n’avons pas le choix, nous consentons à rester et à entretenir un système professionnel ou scolaire qui nous aliène. Alors, pourquoi rester ? La question a souvent été posée. Parce qu’on a peur. Peur de ce qu’on ne connaît pas et qui pourrait nous libérer, plus que de ce qu’on connaît et qui nous aliène. Or nos peurs les plus intimes nous disent quelque chose sur notre société. Nos peurs comme nos bonheurs sont définis culturellement par des normes sociales qui nous disent ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, ce qui est louable et ce qui est condamnable. Pouvoir discuter ensemble à la manière dont se reflète en nous ce qui fait notre société, ses maux, ses failles, ses forces, ses blessures et ses potentiels. Voilà qui semble bien être le début d’un acte politique citoyen. Propre à notre époque où l’étalon par lequel tout se mesure est l’individu.
Le spectacle des gens qui écoutent
À chaque fois c’est un spectacle que personne ne soupçonne : un regard qui se perd dans son couloir émotif, qui en croise un autre le long d’un souvenir partagé, des têtes qui hochent, des rires qui se suivent, des silences qui s’entrecroisent, des larmes qui s’accueillent et se recueillent.
En pleine conscience de la présence des autres, les corps et les visages étaient visibles et non noyés dans une obscurité où chacun est livré à lui-même. Dans un cercle tantôt timide, tantôt pleinement assumé, ce dispositif permet aux gens de s’investir autrement dans la soirée.
De l’art sans divertissement
Quand nous allons voir un film, un concert, une lecture, que faisons-nous de la proposition qui nous est faite pour nos propres vies ? C’est là que le geste d’exprimer ce qui ne se dit pas prend tout son sens : ce moment où une phrase, une image, une émotion, passe par-dessus les rangées de fauteuils noyés dans l’obscurité, et vient se loger en nous, pour qu’on l’emporte comme la terre à ses souliers, qu’elle réinvestisse notre vie en nous la faisant visiter autrement. L’autorise-t-on seulement à nous suivre ? Se donne-t-on le temps de la ruminer ? Passée la porte du cinéma, de la salle de concert, quand nous rallumons nos téléphones et que nous passons si vite à autre chose, nous agissons en bons soldats de la société de consommation : se divertir, et oublier, pour avoir besoin à nouveau le plus vite possible.
L’enjeu de ces soirées, c’était de ne pas être un divertissement. D’engager les gens, par le corps, par la parole, par leurs silences, dans une écoute active où la proposition artistique rejoint tout de suite le paillasson du quotidien.
Une autre économie
Les lecteurs sont les agents de l’artiste. Ils deviennent passeurs, en proposant une soirée, en choisissant le lieu, en assumant la communication. Les soirées leur ressemblent. Distinguée, décontractée, chaleureuse, intime. Les uns offrent la soirée à leurs amis, les autres font participer. Les CD des portraits et des lettres sonores sont vendus sur place à prix libre. Comme toujours en autoproduction, l’enjeu est de se rembourser les frais. Puis de gagner de l’argent. Faire reconnaître que ce qu’on fait est un métier. Que si nous sommes dans une société où un café et une séance de cinéma a une valeur monnayée, un texte ou une chanson pourrait bien aussi en avoir. Si nous sommes dans un endroit qui le permet, alors on procède à des échanges de service, ou du troc. C’est ainsi que la voiture de la tournée s’est chargée d’une quinzaine de pots de confiture maison, de crème de marron, de miel, d’olives du jardin. Ils accompagneront l’auteure, comme le souvenir de ces rencontres privilégiées avec les passeurs, qui se déplient au-delà de la soirée.
Les passeurs des soirées : déjà des semeurs
Car cette tournée n’est pas une succession de performances artistiques. Passer ne veut pas dire ne pas investir un lieu, une région, un paysage. Entre deux points, la route peut bifurquer au gré des propositions du paysage : un champ embrumé du matin où les corbeaux surgissent, l’enseigne d’un café où la terrasse a l’air de chanter, une petite départementale qui offre des arbres généreux pour y casser la croûte. Tout simplement, être là, habiter le lieu et le moment. Pour quelques minutes ou pour plusieurs heures.
La rencontre avec les passeurs aussi s’investit et se déplient. Tard le soir en rangeant les assiettes, les conversations étirent la soirée. Ils vivent dans une yourte, dans une vieille ferme, dans une grande maison avec piscine, dans un petit appartement en centre-ville ou en banlieue. Les passeurs sont médecin, chevrier, ingénieur, vannier, thérapeute, chômeur, marionnettiste, expert en communication. Tous habités d’un même besoin de trouver d’autres manières de faire. Un besoin qui a parfois percé la coque du simple désir, qui est déjà mis en place, ou qui n’est encore qu’une vague idée.
Partager un petit moment leur quotidien, c’est découvrir leur rapport aux enfants, à l’habitat, à la nourriture, à ce qu’on appelle la culture. Entendre le processus du changement plutôt que le résultat. Car ces passeurs ne ressemblent en rien aux images de carte postale de l’alternatif qu’on nous présente parfois. Ils sont de plein pied dans la société. Ils font face à ses travers, ils font des compromis avec elle, et avec leurs habitudes. Ils vont à la rencontre de ceux qui ne sont pas encore dans cette remise en question. Ils ne vivent pas dans un entre-soi écolo hippie. Ils parlent de ce qu’ils font déjà, de ce qu’ils aimeraient faire, de leurs envies, de leurs frustrations. Ils sont parfois déçus par le nombre de chaises vides à la soirée, par ceux qui ont dit qu’ils venaient mais qui finalement avaient autre chose à faire, qui n’ont pas pris le temps de bien regarder de quoi il s’agissait, qui ne seraient pas venus s’ils ne les avaient pas appelés ou rencontrés. Ils rejoignent la préoccupation majeure de tout créateur aujourd’hui : comment faire venir les gens, les amener à se déplacer physiquement ? Comment communiquer dans un monde submergé de communication ? Comment engager une énergie, des frais de production, un travail, sans être sûr qu’il y aura une réponse ? Il y a un besoin, mais il n’y a pas de demande.
Car nous sommes pris dans une contradiction étonnante : il existe un besoin urgent qui se fait sentir dans toutes les couches de la société, d’autres manières de se réunir, d’envisager l’avenir, de faire, de travailler, d’éduquer, de manger, mais il n’y a pas de demande. Comme si nous étions si bien façonnés par la culture de la production économique, du bien-être passant par l’acquisition et l’accumulation du matériel, que tout pas de côté nous apparaît comme une déviance passagère, presque un effet de mode. Comme si nous ne savions plus regarder au-delà du pré jauni que nous continuons à brouter, et qui n’a besoin ni de chien ni de clôture pour nous y maintenir.
Où sont passés les hommes ?
Il serait malhonnête de faire l’impasse sur ce constat : des 27 passeurs de ces soirées, 26 étaient… des femmes. Dans toutes les soirées, les hommes représentaient entre 5 et 10% des personnes présentes. Où donc sont passés les hommes ? Les femmes seraient-elles de meilleures créatrices de lien social, sont-elles davantage dans une démarche de guérison que les hommes ? Sont-elles plus disponibles à parler de leurs ressentis ? Les femmes ne sont-elles pas plus présentes dans les activités dites culturelles – et les hommes, dans ce qu’on appelle la politique ? Il n’y a aucune fierté à en tirer. Seulement une brèche à colmater. De toute urgence. Car comment enfourcher sans les hommes et les femmes le cheval de bataille de tout changement social : l’éducation ?
L’éducation : au cœur de toutes les questions
« Pendant la campagne présidentielle on n’a jamais entendu parler d’éducation. Pourtant, pardon de le dire, mais le monde de demain, c’est nous, c’est pas eux. »
Voilà ce que dit un élève de terminale lors d’une rencontre autour des lettres. Un de ces adolescents absolument conscient d’être considéré comme une boîte qu’on gave de savoir, d’un savoir qui consiste à gober des informations et les recracher, plutôt qu’à développer l’intelligence, l’intuition et la créativité. Des professeurs contraints à appliquer un système de notation qui privilégie des compétences visibles et quantifiables, plutôt que des qualités d’adaptation, de compréhension et de critique. Son enseignante, descendue de l’estrade pour se mettre au milieu de ses élèves, leur confie qu’elle se sent piégée dans un programme qui ne correspond pas à ce qu’elle aimerait enseigner et à ce qu’elle sait être leurs besoins.
Ils sont peut-être plus nombreux qu’on ne le pense, ces élèves et ces professeurs, enfermés dans le carcan d’un système qui les aliène, et qui nous confisque la possibilité de forger une autre société par ceux qui la feront demain. Il serait peut-être temps de les écouter, et d’envisager avec eux comment s’affranchir.
Et après ? Propositions pour aller plus loin
Les soirées en appellent d’autres. De nouvelles formes sont à inventer. Les textes vivent avec et sans son auteur, en virtuel et en physique. Voici quelques idées pour faire vivre ces textes :
– organiser, sur une base régulière ou occasionnelle, des séances d’écoute collectives sans l’auteure, une pure diffusion, comme un cinéma des oreilles. Des portraits et des lettres sonores (cliquez sur les mots en gras) peuvent être achetés en ligne. Une rencontre par skype avec l’auteur pourra être organisée.
– accueillir le spectacle Lettres à ma génération dont vous trouverez ici des extraits de la première :
– Diffuser la Lettre à un ado Trouve le verbe de ta vie dans des écoles, des formations de réorientation pour adultes, des salles de profs, organiser des rencontres réunissant élèves parents et corps enseignants. Cette lettre sera prochainement éditée en petit livre qui sortira au printemps 2018 et sera en vente autour de 5 €. Pour réserver le livre (sans achat) contactez-moi. Une nouvelle version sonore sortira début 2018. Si vous souhaitez diffuser cette lettre sous une de ces formes contactez-moi ici
Depuis octobre, les Lettres à ma génération sillonnent la France… et quelle France ! Bien loin de celle dont les grands médias nous dressent le portrait. Partout, des faiseurs d’un autre demain, des gens qui s’interrogent et se remettent en question, essayent et ratent, réessayent, labourent l’inconnu, recalibrent leur temps, remettent à l’heure leurs dépendances, recentrent leurs priorités. Des lecteurs devenus passeurs qui m’ont accueillis dans des cafés, des bibliothèques, des granges, des fermes, chez eux en centre-ville ou dans un hameau de montagne.
Artistes, créateurs, diseurs du monde, nous devons réinventer nos métiers et nous réapproprier de nouveaux espaces, et de trouver de nouveaux modèles économiques pour vivre. Dans ce nouveau système, c’est vous, lecteurs et auditeurs, qui devenez les agents, les relais, les distributeurs, de nos oeuvres.
À l’heure où nous avons de plus en plus besoin de nous réapproprier la parole citoyenne et notre vivre-ensemble, je vous propose de participer à une expérience inédite.
Organisons une grande tournée à l’automne 2017 !
Invitez vos amis, collègues, famille, voisins, dans votre salon, atelier, grange, fournil, et organisons ensemble pour l’automne 2017 une grande tournée de rencontres/performances à domicile dans toute la France, autour des Lettres à ma génération (cliquez pour en savoir plus) et des portraits sonores L’extraordinaire au quotidien. (cliquez pour en savoir plus). Une rencontre faite d’écoute et de parole, un acte politique au sens premier, pour adultes et ados, grands parleurs et grands écouteurs, esprits pleins de certitudes et âmes pleines de questionnements, autour de ces personnes chez nous, autour de nous, qui mènent leur vie en dehors des chemins tous tracés.
Que vous soyez dans une grande ville ou dans un hameau de montagne, n’hésitez pas ! Je me déplace aussi en Belgique Luxembourg et Suisse. Ces soirées peuvent prendre la forme d’une auberge espagnole où chacun amène quelque chose à manger, ou bien d’un partenariat avec des producteurs locaux qui viendraient faire partager leurs productions, tout est possible !
D’autres lieux sont bien entendu envisageables.
CONTRIBUTION DEMANDÉE : pot de confiture, miel du pays, corbeille de fruits de saison ou toute autre petite succulence de votre cru, ou 5 euros par personne.
NOMBRE DE PERSONNES : minimum 10, maximum ce que votre salon peut accueillir !
BESOINS LOGISTIQUES : un système de son pour diffuser les portraits et les bandes sonores
Comment devenir passeur ?
1. Vous inscrivez dès maintenant votre salon sur cetteCARTE EN CLIQUANT ICI: tapez une adresse (vous pouvez indiquer une adresse approximative) et cliquez sur la goutte – ajouter un repère.
2. Contactez-moi via le formulaire de ce site en me précisant le lieu, période possible, mail et numéro de téléphone.
3. Je trace des itinéraires possibles pour vous relier les uns aux autres et je vous proposerai des dates.
Il est chanteur public, écrit des chansons sur mesure, organise des soirées dans les laveries, donne des ateliers d’écriture, voyage au Kurdistan, «comme une proie». Elie échappe aux catégories habituelles, se réinvente son métier d’artisan des mots, et trouve des formats originaux pour en faire un moment de rencontre. Le temps d’une machine dans un lavomatic, le temps de prendre un thé au Kurdistan, le temps d’un atelier d’écriture, Elie invite à créer un petit nous, basé sur la diversité des savoir-faires, des âges, des origines.
On lui a souvent dit qu’il était dispersé. Mais Elie a appris à regarder autrement sa dispersion, et à en s’en servir comme d’une force. Il nous montre que pour chaque métier, il y a d’autres manières de faire à inventer.
Sur la pochette de son album, pas de photos de lui. Seulement du public en train de le regarder. Le regard qu’il fait naître dans les yeux des autres, c’est ça la trace que Elie laissera dans le monde.
Cliquez sur le bouton ci-dessous pour acheter le portrait complet à prix libre. Vous n’avez pas besoin d’avoir un compte Paypal. Descendez en bas de la page et cliquez sur «Payer par carte».
Avec Alain, il a suffi d’une poignée de secondes pour savoir que cette rencontre allait se déplier. Je le rencontre alors que je me suis trompée de chemin. Une pancarte, Pain au levain naturel me mène jusqu’à son antre.
Alain a été marin, chimiste, apiculteur. Aujourd’hui il est boulanger, et ne travaille qu’avec des variétés anciennes de blé. En cultivant la diversité de ses graines, il acquiert son autonomie. Alain a toujours oeuvré ses métiers, ne pouvant les exercer qu’en suivant ses convictions.
Des portes, il en a claquées. Des virages, il en a pris, et des raides. Mais toujours avec ce besoin d’exercer un métier qui puisse l’émerveiller chaque jour. Et à entendre l’ancien marin sortir ses pains du four, on ne doute pas que ce soit pour lui «À chaque fois, comme une aventure, comme un départ de régate».
Vous pouvez payer sans avoir de compte paypal Cliquez sur «Payer par carte»
EXTRAITS à écouter ici.
Une salle de boxe à Aubervilliers, dans une rue où les nouvelles constructions entourent de vieux pavillons. Au-dessus du ring, une salle de soutien scolaire. Comme un cocon dans les arbres. Ici, le soutien, l’effort, le dépassement de soi ne s’arrêtent pas aux cordes du ring. À Boxing Beat, le sport est un modèle d’éducation et une éthique de vie. Un club créé par Saïd, champion de France de boxe.
Quand Saïd parle de boxe, il nous emmène loin des clichés. Pour lui, la boxe c’est l’art de ne pas prendre des coups. D’esquiver, de tromper l’adversaire, de ruser, de jouer au chat et à la souris. Toucher le fond, se relever, anticiper, évaluer, bluffer, dévier, attendre.
On m’a toujours dit que je manquais d’agressivité. Moi j’ai toujours pensé que si j’étais assez malin, je n’avais pas besoin d’être agressif.
Malgré son record de titres détenu par les femmes, Boxing Beat n’est pas une usine à fabriquer des champions. Le combat que Saïd mène se déroule dans un round plus long, avec comme seul arbitre, la vie.
Pour moi c’était impossible de créer un club de boxe juste pour faire des champions. Champion ce n’est pas une fin en soi. Tu peux te construire à travers la boxe par l’abnégation, le dépassement de soi, mais ce qui m’intéresse c’est de fabriquer des hommes et des femmes qui soient indépendants. Et la première chose pour y arriver c’est de savoir lire, écrire et compter. Si par la boxe je peux aider des jeunes à faire des formation, à les recadrer, à les remettre sur piste, pas besoin de champion du monde.
Donner sa chance
Sur les murs de la salle, les portraits des grands champions de la boxe, peints par un jeune à qui Saïd a lancé ce défi, en le voyant dessiner sur un cahier. Saïd fait partie de ces coachs capables de déceler, à travers la discipline qu’il enseigne, les potentiels des jeunes. Il leur tend la main sans les prendre par la main. Il les met face à leurs responsabilités, et s’intéresse plus à la personne qu’à l’athlète. Il permet aux jeunes d’aller au-delà de ce qu’ils croyaient être capables de faire.
Transmettre autrement
En faisant venir les classes entières avec les professeurs, Saïd a modifié les rapports des élèves en classe, entre les timides et les moins timides, et entre filles et garçons. Aller au bout d’un objectif, savoir jauger ses limites, être à l’écoute de soi et de l’autre, accepter l’échec des mauvais jours, se recentrer, résister. Trouver l’équilibre entre l’humilité et la confiance en soi. Travailler sa stabilité, son rythme, la précision, la juste distance. Gérer sa colère et canaliser son stress. Contrôler son énergie, se concentrer. Savoir lire l’autre et le respecter. Voilà tout ce qu’un sport peut apporter. Des compétences essentielles dans la vie.
Pourtant dans nos sociétés où le corps est secondaire, le sport, comme les arts, est limité à un loisir. Saïd se bat aussi pour une autre forme d’éducation, où l’enfant est stimulé, où les forces et l’énergie nécessaires à l’apprentissage sont intégrées dans le processus.
Pour arriver à ce résultat, Saïd a dû se battre contre les archaïsmes d’une pensée qui catégorise les gens selon leur âge, leur sexe ou leur milieu social. À l’époque où Saïd voulait enseigner la boxe aux enfants, la Fédération ne voulait pas en entendre parler. Il lui a fallu trouver une structure qui lui ferait confiance. Ce fut la ville d’Aubervilliers, qui depuis vingt-six ans, soutient son projet devenu un modèle en France.
Boxer au féminin
Saïd s’est aussi battu contre les préjugés envers les femmes, en donnant sa chance à Sarah Ourahmoune, qui à quinze ans, pousse la porte de son club en cherchant un cours de taikwando. Saïd lui propose d’essayer la boxe. À cette époque, la boxe féminine n’est pas reconnue par la profession et n’est pas acceptée aux JO. Sarah Ourahmoune deviendra huit fois championne de France, trois fois championne d’Europe, championne du monde, médaillée olympique. Parallèlement à sa carrière d’athlète, elle fait Science Po.
Ce jour où Saïd a permis à Sarah d’enfiler des gants à Boxing Beats marque la naissance d’une championne, de la boxe féminine professionnelle en France et le premier coup de pioche que d’autres suivront. Sarah développe aussi des projets pour sortir les jeunes de leur isolement, pour les travailleurs en entreprise et pour les enfants handicapés mentaux. C’est le lègue de Saïd : sortir les gens de leur condition avec deux gants de cuir.
Saïd pousse tout le monde à sortir de sa zone de confort : les jeunes, les enseignants, les mairies. Ne pas se contenter de ce qui nous est donné. Il nous montre qu’il n’y a pas de domaine réservé. Que n’importe quelle discipline peut être mise à la portée de tout le monde. Les gens comme Saïd détiennent la clé d’un changement d’éducation, et donc de société. Il suffit d’avoir le courage de monter sur le ring, et de mettre nos peurs au défi.
«Un ring c’est quatre coins et des cordes. Tu ne peux pas t’échapper. Tu prends des coups dans ta gueule. Après ça, tu as peur de quoi dans la vie ?»
Cécile sculpte ceux qu’on ne voit pas : les marins sur leur cargo, les détenus dans les prisons, les vieilles femmes en maison de retraite, les adolescents en soins psychiatriques, les religieuses dans un couvent. Elle remue des clichés, fait bouger les lignes et les hiérarchies sociales et la manière dont les gens se perçoivent.
La sculpture de Cécile nous invite à méditer sur le geste que nous imprimons à notre vie. C’est peut-être ça, qui compte le plus, le geste. Chacun sait s’il veut transmettre, chercher, briller, archiver ou découvrir, transmettre ou inventer, révéler, soigner. Le métier dans lequel nous commettons ce geste est le fruit du hasard.
Lorsque Cécile m’a invitée à venir à son atelier pour faire son portrait, c’était à une condition : faire un double portrait. Elle me sculpte pendant que je l’enregistre. Voici donc un double portrait en miroir, de deux portraitistes. L’une travaille dans la matière, l’autre dans l’immatériel, l’une par l’œil, l’autre par l’oreille.