I saw there were no oceans left for scavengers like me (J’ai compris qu’il n’y avait plus d’océans pour un chercheur d’or comme moi)
«A Thousand Kisses Deep» L. Cohen
C’était comme quand on attrape le visage d’un parent aimé et qu’on se rend soudainement compte qu’il a vieilli. Comme quand on retrouve un amour perdu et qu’on met quelques secondes à le reconnaître. Hier je descendais à votre rencontre, et en partant je vous cherchais encore.
Vous qui étiez les derniers espaces de la ville épargnés par la nécessité d’acheter. Sans magasin, sans restaurant. Des no man’s land où se retrouvaient tous ceux qui vivaient la ville autrement. Où les enfants qui s’aiment se croient seuls au monde, où les mauvais garçons se retrouvaient à l’heure de vos brumes, dans un film en noir et blanc, où les ombres titubantes pouvaient chanter. Des lignes qu’aucune enseigne n’arrête, où la rêverie avait de quoi se dégourdir.
Qu’ont-ils faits de vous maintenant ? La ville s’est tellement empiffrée qu’elle dégouline sur vous. Chez vous maintenant, des cafés comme en haut d’autres cafés. Des crèmes glacées comme en haut d’autres crèmes glacées Des terrasses qui asphyxient le pavé, où l’on boit les mêmes cocktails. Des bateaux pour manger, pour danser, pour boire. Pour manger pour danser pour boire. Pour recréer une bulle avec la ville comme un papier peint dans le fond, rien de plus.
Vous étiez à la ville ce que certaines personnes sont au genre humain, ce que certains écrins encore préservés sont aux vivant. Des parenthèses privilégiées qui nous invitent à un autre rapport au monde que celui de la consommation. Dans la ville comme dans le genre humain et dans la nature, je crois que les espaces qui échappent à la consommation, à la vitesse, sont en voie de disparition. Comme vous, les plus beaux lieux de notre monde seront des espaces de consommation pour l’homo festivus. Et les bonheurs de ma vie ne seront sans doute que ceux d’un chercheur d’or qui ramasse des pépites dorées dans les caniveaux des mines abandonnées, où il finira par se coucher, épuisé d’avoir tant cherché.
Sarah Roubato a publié :
Partout en France et ailleurs, ils sont sur le point d’avoir trente ans. Une foule d’anonymes qui cherchent à habiter le monde ou à le fuir, à dessiner leurs rêves ou à s’en détourner. Au cœur du tumulte, ils s’interrogent, se font violence et ce sont leurs voix que l’on entend se déployer
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Une jeune femme écrit à un adolescent et lui propose d’envisager son avenir avec un autre regard que celui qu’on lui a appris, pour faire face à un monde qui change et qu’il va devoir réinventer. Une lettre qui résonne à tout âge pour ceux qui ont eu envie de quitter les chemins tout tracés et à qui on a dit que c’était impossible.
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Un recueil de lettres adressées à toutes celles et ceux, même s’ils ne peuvent pas répondre, qui peuplent la solitude d’une jeune femme éprise de la beauté du monde. Comment la dire, comment la préserver, comment y participer, alors que des forces contraires – l’hyperconsommation, les renoncements politiques, l’ambivalence du progrès technologique – nous isolent toujours plus les uns des autres ?
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