Sa mère et ses tantes ont dansé, et elles lui ont parlé de sa belle robe, de bracelets en or, et beaucoup de l’honneur. Sous le ciel de ce pays, les filles doivent rembourser à leurs parents l’honneur d’être en vie. Peut-être que les étoiles aussi payent au ciel le droit de briller. Il faut bien payer quelque part.
À l’origine, ces textes étaient destinés à être publiés dans un livre. Comme je n’écris pas de roman, les scènes sont reliées entre elles par des éléments poétiques, plutôt que par une intrigue. À la fin de 59 dans la nuit, le migrant cherche un paquet d’étoiles dans le jour qui se lève. De l’autre côté du globe, la nuit est en train de s’installer. À la même heure, une fillette cherche aussi un paquet d’étoiles, sur le lit où elle attend son mari, un monsieur qu’elle n’a vu qu’une fois de dos.
Pour ce texte, la difficulté a été de choisir la musique, car les choix que j’avais fait orientaient tout de suite vers un pays ou l’autre. Je ne voulais pas pointer du doigt une tradition ou un pays en particulier. Voici quelques données de l’Unicef sur le sujet :
- 650 millions de filles et de femmes aujourd’hui en vie ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Ceci représente 1 jeune femme sur 5 dans le monde ;
- Les mariages d’enfants se produisent majoritairement entre 16 et 17 ans, mais 5% des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans.
- 7,5 millions de jeunes filles sont mariées chaque année.
- Pour les garçons, 1 garçon sur 25 est marié avant l’âge de 18 ans. Les unions avant 15 ans sont quasiment inexistantes.
- 1 enfant marié sur 3 dans le monde vit en Inde
- En Afrique subsaharienne, 34% de femmes sont mariées avant 18 ans. Cette proportion dépasse 50% dans plusieurs pays de cette région du monde.
Après ce texte, il y en a un autre où les étoiles deviennent les diamants coincés entre les dents d’un enfant qui descend dans les mines en République Démocratique du Congo. Cette fois, on peut nommer le pays. Ce texte dort encore dans le manuscrit.
Musique : « On the nature of daylight », Max Richter