Il veut lui dire qu’il est là. Il va lui dire, il attend juste de pouvoir bouger.
« Oh God qu’est-ce que j’ai dit, j’ai dit il était… vous avez entendu ça, j’ai dit il était… pourquoi j’ai dit il était ? »
Quand j’ai écrit ce texte il y a 10 ans, le nom de George Floyd était inconnu, mais il ne m’était pas difficile d’imaginer un afro-américain mourant sous les genoux d’un policier. Sans doute maintenant, ce texte aura moins d’impact que si j’avais pu le publier avant, mais il est toujours d’une brûlante actualité.
Quand la chance m’a été donnée de donner corps à ce texte, j’ai fait appel à ma famille adoptive afro-américaine. Car j’ai été adoptée par une famille afro-américaine qui connaît tout de cette peur que leur fils, leur père, leur frère, tombe sous les balles d’un policier. Sans hésiter, ils ont dit oui. Sur un enregistrement on entendait le chien des voisins, sur un autre la pluie… une dizaine d’enregistrements ont été nécessaires. Et si vous avez l’impression que la voix du policier est rudement bien interprétée, c’est tout simplement parce que l’homme qui fait le policier est bien un policier. Un policier afro-américain. Noir, et Cop.
La voix de la femme qui parle au policier est extraite de la vidéo de la compagne de Philando Castile qui s’est filmée dans la voiture juste après qu’un policier ait tiré sur son compagnon, alors qu’il allait sortir sa licence de port d’armes de la boîte à gant. Derrière eux, sa petite fille de quatre ans lui dit que ça va aller. J’ai fait la traduction de ce moment chargé, et moi qui ne suis pas comédienne, c’est la première fois de ma vie que j’ai pleuré en enregistrant ces mots.
musique :