Qu’est-ce qu’une veillée ? Ce n’est ni un spectacle, ni un débat, ni un café-philo, ni un cercle de parole, ni une thérapie de groupe, ni une rencontre d’auteur face aux lecteurs. C’est un moment où on se retrouve autour d’une parole qui nous réchauffe. C’est surtout une manière de se rencontrer, où la proposition artistique n’est pas là pour faire briller l’artiste, mais pour faire émerger une rencontre collective, un petit nous.
Une veillée de Courts Lettrages commence par un moment musical, comme un sas pour passer de la vie encombrée et rapide, à un moment de suspension et de présence. Puis nous écoutons par paquets de trois, ces textes sonores d’une minute, qui s’écoutent comme de petits films qui viennent faire écho aux souvenirs, aux préoccupations, aux questionnements que nous pouvons avoir. Alors chaque personne peut, quand elle veut, réagir. Témoigner, faire écho, s’interroger, contester… On navigue entre l’écoute intime où chaque personne plonge en elle, et le partage collectif de ce que ça nous fait.
Ici, l’artiste n’est pas le centre, face à un public passif. L’artiste fait partie de l’auditoire, écoute, se perd, fait silence. L’artiste s’efface derrière l’oeuvre qui lui est passée à travers, et se laisse porter avec le public par lui. L’oeuvre n’est pas ici le produit culturel que le public vient consommer, ni le divertissement du soir. C’est un liant qui nous permet de créer un petit nous. Des collègues, des voisins, des membres d’une famille, des amis, se parlent et s’écoutent ici différemment.
La veillée, c’est aussi l’invitation à veiller les uns sur les autres, et à se faire veilleurs du monde dans lequel nous vivons, et de celui que nous espérons.